MARCHÉ HALL’EUROPE
2021 – MASTER 1 SEMESTRE 8
Je reste une matinée sur cette place. Sur la petite vingtaine de personne que je vois longer la place, seulement une dizaine s’aventure à la traverser. Souvent les yeux dans le vide, à peine trois personnes acceptent de discuter avec moi.
Lors de ces discussions, j’absorbe et tente d’interpréter ce que souhaite la population par rapport à leur ressenti du site. Je dégage, de manière très logique, plusieurs enjeux. L’un des enjeu fondamental est le souhait de créer une ambiance plus intimiste en redéfinissant les limites de la place. J’imagine alors cet espace en césure avec la voirie pour limiter le bruit. Je suis alors interpellé(e) par la notion de protection. Tous expriment le désir d’être préserver des dangers du quartier, de la circulation et de la pollution.
Le deuxième point fréquemment relevé dans les échanges est le manque d’activité. Je rêve alors d’un rapprochement des différentes classes sociales, en créant des activités afin de les unir et de les rendre actrices de la vie de quartier.
J’imagine alors de grands espaces verts plantés d’arbres amenant la touche rurale tant recherchée par la population.
Le dernier élément évoqué par un passant est l’absence de communication et d’information. J’esquisse alors sur mon carnet de grandes tablées pour s’établir, une bibliothèque pour travailler, du mobilier urbain pour échanger et une exposition pour découvrir.
Les habitants étant très distants avec moi, je ne sais pas si cela peut fonctionner à les faire se réunir. Puis je discute avec un homme. Une baguette sous le bras, il déplore le manque de commerces et regrette d’être obligé de marcher une demi-heure pour une «pauvre» baguette.
Je comprends alors qu’indéniablement, la nourriture réunie et globalement «la cuisine rassemble les gens».
Un samedi matin, à la suite de ces réflexions, je décide de partir au marché pour m’imprégner de l’atmosphère et m’inspirer. J’ai un point commun avec tous ces gens. Nous sommes tous accompagnés d’un réceptacle, d’un contenant pour y mettre nos denrées, achetées un peu plus tôt. Certains ont un cabas à l’effigie de grands centres commerciaux, tandis que d’autres portent à bout de bras un cageot ou un panier en osier.
Je m’installe sur des marches et observe ce grand marché. Je crayonne alors les différents paniers que j’observe et les gens qui passent. Puis je trouve LA forme. Un panier renversé, à la manière d’une coupole, d’une parabole ou encore d’une canopée. Alors, le panier n’est plus seulement un contenant pour les produits mais il devient le contenant du marché. Ce petit ustensile souvent oublié, autrefois naturel et aujourd’hui en plastique, accueillera le futur Marché Hall’Europe.
J’imagine un bâtiment principal compact, massif en réponse à la canopée aérienne, légère et fine. Le rez de chaussée accueille une cuisine ouverte sur la halle marchande pour que chacun partage son talent de cuisine. Au 1er étage, une médiathèque permet de trouver de nombreux ouvrages du monde pour découvrir les différentes cultures du monde. La terrasse extérieure donne sur le marché en contre plongée. Cet étage est accessible via la rampe qui sert également de gradin lorsque le marché devient un espace de représentation, de spectacle ou de concert. Au dernier étage, une exposition offre un accès à l’art au quartier Maurepas, délaissé dans ce domaine depuis la destruction de la salle Clémenceau.
La brique d’abobe, matériau principal de ce bâtiment massif, apporte des couleurs chaudes au quartier et un aspect naturel en réponse au béton des immeubles alentours. La canopée est composée d’une charpente en bois travaillé en «tressage» rappelant le panier en osier.
Enseignement : Atelier d’architecture – Enseignants : Mathieu LE BARZIC & Didier PIDOUX – Binôme : Robin FER